CONGRÈS DU FORUM D’OC À AVIGNON – « Le Rhône, frontière ou trait d’union ? » – 21 octobre 2023
Bernard Nahoum, Premier Adjoint, accueille les congressistes en les assurant de tout l’intérêt du Conseil Municipal pour les objectifs du Forum qu’il reprend à son compte en citant la Charte du Forum. Il rappelle l’engagement de la Ville d’Avignon en faveur « de la langue d’oc ou langue occitane dans le respect intégral de toutes ses variantes », et, répondant par avance à la question posée par le colloque, il affirme que le Rhône ne sera jamais pour la ville un frontière, mais sans contestation possible un trait d’union. Il annonce enfin que l’année 2025, célébrant le 25° anniversaire de l’élection d’Avignon comme capitale européenne de la culture, verra se développer l’importante manifestation « Avignon terre de culture 2025 », qui fera toute sa place à la langue originelle de notre région.
L’ÉQUIPE DE L’ÉMISSION VAQUI DE FRANCE 3 RÉGIONS
assure l’enregistrement du Congrès
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DISCOURS DU MAJORAL GUY REVEST
Président du Forum d’Oc
Le Forum d’Oc de Provence-Alpes-Côte d’Azur remercie vivement la Ville d’Avignon d’avoir accordé son patronage à notre Congrès en l’accueillant dans un des équipements les plus prestigieux de la Ville, et Madame la Maire d’Avignon d’avoir délégué son premier Adjoint Monsieur Claude Nahoum pour ouvrir le Congrès et nous apporter le soutien de la Municipalité. Nous remercions aussi l’équipe du théâtre Benoît XII qui a préparé minutieusement la journée avec les services municipaux, auprès de qui nous avons toujours trouvé le meilleur accueil. Nous savons que la Ville d’Avignon est particulièrement attentive à promouvoir la culture et la langue originelles de notre région, qui s’y exprime sous la forme du provençal, rameau de la langue d’oc ou langue occitane qui se déploie des deux côtés du Rhône, des Alpes aux Pyrénées selon la célèbre formule de Frédéric Mistral.
Malheureusement le sort vient de s’acharner sur notre Congrès, puisque nous venons d’apprendre dans les trois derniers jours que trois de nos intervenants ne pourraient pas être parmi nous : Henri Maquet pour divers empêchements, Paulin Reynard et Céline Magrini pour raisons de santé. Nous leur souhaitons un prompt rétablissement, et nous remercions vivement ceux qui ont accepté de suppléer à l’improviste à ces défections pour atténuer notre déception à tous : Philippe Martel qui abordera le sujet dévolu à Paulin Reynard, Didier Maurell qui aura l’occasion de commenter le film sur le spectacle réalisé à partir du Poème du Rhône, et Annelyse Chevalier qui aura un peu plus de temps pour développer le thème de son exposé.
Le Rhône, avec tout ce que représente la vaste aire qu’il régente dans notre histoire et notre devenir, sera en effet le sujet qui nous réunit aujourd’hui. A la question que nous avons posée à nos intervenantes ou intervenants, je dois avouer que le Forum d’Oc a répondu par avance et depuis sa création : le Rhône ne sera jamais pour nous notre frontière, le Rhône nous rassemble et rien ne peut nous diviser tant que nous serons fidèles à la proclamation que Mistral a lancée à tout peuple du monde attaché à sa liberté : se tèn sa lengo, tèn la clau que di cadeno lou deliéuro.
Cette langue c’est à elle d’abord que nous allons consacrer la matinée, pour entendre le professeur Philippe Martel déployer ce qui fait son unité de l’Aquitaine au Piémont, dans la pleine diversité de ses multiples expressions. Suivra un moment plus festif animé par nos amis de la chorale au nom si prometteur de « Chanteurs des Côtes du Rhône », et un repas fraternellement partagé. Après quoi nous serons invités à méditer le rôle de la charnière rhodanienne dans la géographie et le devenir de l’aire de notre langue, à l’heure où le milieu naturel qui est le nôtre depuis tant de siècles affronte des menaces inquiétantes, en s’interrogeant sur la manière dont ceux qui le peuplent ont évolué pour le comprendre, et pour le mettre au service de leurs besoins.
Enfin, pour observer comment une langue et ce qu’elle exprime peuvent constituer le socle d’un projet de vie commun sur un espace qu’elle unifie, nous écouterons celles et ceux qui ont trouvé dans le Rhône une source de création littéraire et artistique, car, pour en revenir à Mistral qui a hanté ces murailles, c’est par ce qui nous arrache aux médiocrités par la puissance généreuse de l’imaginaire que nous accédons à la fe dins l’an que vèn.
Après Avignon, le Forum d’Oc, riche aujourd’hui de plus de 600 membres, associations, villes, départements, entreprises, élus, artistes, responsables culturels, aura accompli dans ses rassemblements annuels le tour de notre région. L’an prochain, nous espérons le faire revenir à Marseille où nous l’avons fait naître, pour célébrer ses dix ans d’existence, en exaltant cette fois la fraternité avec nos plus proches voisins, le Piémont et la Catalogne. Nous entendons ainsi affirmer avec eux notre place fondamentale dans cette ville, qui symbolise les risques et les espérances d’une ouverture au monde à travers son espace méditerranéen. Ce sera pour le Forum la fin d’un cycle, et l’ouverture d’une autre phase dans la mise en œuvre de notre projet. Elle devra imaginer de nouvelles formes de travail commun, en appelant de nouvelles forces à rejoindre et à suppléer progressivement l’équipe qui en a porté la responsabilité jusqu’ici avec ses réussites et ses faiblesses.
La date du Congrès d’Avignon, que les circonstances nous ont imposée, coïncide avec le début des vacances scolaires, et elle nous prive d’une notable partie de notre public engagé dans des projets familiaux à la faveur de cette période. Beaucoup se sont excusés, leur liste figurera dans le compte-rendu du Congrès sur le site du Forum. Je me contenterai de citer ici les excuses et les encouragements de nos élus, Madame Martine Vassal, Présidente du Conseil Départemental des Bouches du Rhône, membre du Forum d’Oc, de Monsieur Bernard Autheman, Conseiller Municipal d’Avignon délégué à la culture provençale, qui nous a apporté une aide des plus efficaces dans la préparation du Congrès ; de Madame la Maire d’Aix en Provence, ville membre du Forum d’Oc, et de Madame Arlette Ollivier, Conseillère Municipale déléguée à la culture provençale à Aix en Provence et membre à titre personnel du Forum d’Oc, actuellement hospitalisée : nous lui adressons toute notre sympathie dans cette épreuve.
Notre programme est chargé, et nous aurons bien besoin de la bienveillante et vigoureuse rigueur de Médéric Gasquet-Cyrus, qui a bien voulu se faire le modérateur de nos échanges, pour les contenir dans les strictes bornes du temps imparti à chacune et chacun.
Acabarai en rapelant que coume à l’ourdinàri cadun que pren la paraulo pòu chausi de s’espremi en lengo d’o o en francés, e tambèn en gramaciant tout’aquéli que soun eici e qu’an countribuï à la tengudo de noste Coungrès, l’equipo dóu teatre Benezet XII, emai l’equipo que l’a prepara e qu’a bèn vougu se carga di prefa materiau pèr garanti l’acuïènci e lou meiour debanamen poussible de la journado.
LE RHÔNE, CHARNIÈRE D’UNE HISTOIRE
ET D’UNE LANGUE
Le Capoulié du Félibrige Paulin Reynard exprime ses regrets pour son impossibilité d’assumer son intervention en raison d’un problème de santé et adresse tous ses vœux de succès à la manifestation du Forum d’Oc.
Lire ici son message.
Intervention de M. Philippe Martel,
Professeur émérite à l’Université de Montpellier III
Photo aquodaqui@gmail.com
Lire l’intervention de Philippe Martel
INTERMÈDE MUSICAL
LES CHANTEURS DES CÔTES DU RHÔNE
Photo de Guy Liégeois
LE RHÔNE AXE D’UN TERRITOIRE
Extrait du film : Lo Ròse, un flume e sei ribairencs
réalisé par Lo reviscol Montelenc
UN MILIEU NATUREL SPÉCIFIQUE ET DIVERSIFIÉ
Intervention de Mme. Josiane Ubaud
ethnobotaniste en milieu occitan
Photo de Guy Liégeois
L’aire rhodanienne dans l’arc méditerranéen
L’EVOLUTION DE LA CARTOGRAPHIE
TÉMOIN DE CELLE DES ÉCHANGES
Intervention de M. Philippe Rigaud
historien et chercheur associé au LA3M du CNRS
Photo aquodaqui@gmail.com
Voir le document « A propos d’une carte de la Camargue de 1592 »
L’aire rhodanienne dans l’arc méditerranéen
LE RHÔNE AU SEIN DES DYNAMIQUES
INDUSTRIELLES ET PORTUAIRES
(XIX° ET XX° SIÈCLES)
Intervention de M. Fabien Bartolotti
Enseignant et chercheur à l’Université d’Aix-Marseille
Photo aquodaqui@gmail.com
LE RHÔNE, UNE SOURCE DE CRÉATION
Extrait du film : Li Viajaire de Ròse
Didier Maurell présente ce film qui illustre le projet qu’il a mené avec ses lycéens d’Aix en Provence et de Vitrolles.
Photo de Guy Liégeois
LE RHÔNE ET LA CREATION MUSICALE
Intervention de M. Henri Maquet, musicien
Henri Maquet n’ayant pas pu être présent a adressé sa contribution qu’on peut lire à partir de ce lien :
L’intervention d’Henri Maquet.
LE BESTIAIRE FANTASTIQUE DU RHÔNE
Intervention d’Annelyse Chevalier
Majorale du Félibrige, guide de nature et patrimoine
Photo de Guy Liégeois
CONCLUSION DU CONGRÈS
Intervention de Médéric Gasquet-Cyrus
Université d’Aix-Marseille
Photo de Guy Liégeois
LE CONGRÈS DU FORUM D’OC À CHÂTEAUNEUF LE ROUGE – 8 octobre 2022
LES ÉTAPES DU CONGRÈS DU FORUM D’OC 2022
Langue et terroir : comment cultiver l’avenir de la Provence ?
LA VILLE DE CHÂTEAUNEUF LE ROUGE ADHÈRE AU FORUM D’OC
Le Maire de Châteauneuf le Rouge, Michel BOULAN, Conseiller Métropolitain, Vice-Président du Conseil de Territoire du Pays d’Aix, reçoit les insignes de l’adhésion de la Ville au Forum d’Oc.
DISCOURS DU MAJORAL GUY REVEST, PRÉSIDENT DU FORUM D’OC
DISCOURS DU MAJORAL GUY REVEST, PRÉSIDENT DU FORUM D’OC
LE DÉROULEMENT DE LA JOURNÉE
LES INTERVENTIONS DE LA MATINÉE
UNE AGRICULTURE PROVENÇALE SANS AGRICULTEURS PROVENÇAUX ?
Intervention de M. Claude HOLYST, membre de la Commission Permanente du Forum d’Oc
Retrouver le document de l’intervention
LE DESTIN DE LA CAMARGUE : SE RÉSIGNER OU « RÉSISTER » ?
Intervention de Mme. Annelyse CHEVALIER, Majorale du Félibrige, guide naturaliste en Camargue
Retrouver le document de l’intervention
LA DÉFENSE DE LA FORÊT PROVENÇALE N’EST PAS UNE AFFAIRE DE MOYENS
Intervention de M. Albert GIRAUD, propriétaire forestier, ancien officier de réserve
INTERVENTION DE Mme. Fabienne JOLY, Conseillère Régionale, Présidente du Canal de Provence et de la Chambre d’Agriculture du Var
LES TABLES RONDES
Médéric GASQUET-CYRUS, enseignant à l’Université d’Aix-Marseille et modérateur du Congrès présente et anime les eux tables rondes de l’après-midi.
QUELS CHOIX AUJOURD’HUI POUR L’AGRICULTURE DE DEMAIN ?
Cette première table-ronde rassemble Madame Hélène Dragon, viticultrice au Domaine de la Jacourette à Pourrières, entreprise membre du Forum d’Oc, Monsieur Michaël Latz, Maire honoraire de Correns, ingénieur et chef d’exploitation du domaine viticole des Aspras à Correns qui a joué un rôle capital pour la promotion de l’agriculture biologique dans le terroir varois, et Monsieur Eric PASTORINO, viticulteur et président de la Cave Coopérative des vignerons de Gonfaron, président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence.
Film réalisé par le Centre d’Etudes de la Parole d’Oc, Aix en Provence
QUELS CHOIX D’AVENIR POUR LES ESPACES NATURELS ?
L’autre table ronde a permis d’entendre les échanges entre Mme. Camille LAMOTTE, garde nature au Grand Site Concors-Sainte Victoire, M. Denis CAREL, chevrier et gérant de la coopérative Agribio-Provence à Brignoles, Conseiller municipal honoraire à La Roquebrussanne et membre du Forum d’Oc ainsi que le GAEC du Jas des Vallons dont il est à l’origine de la création, M. Cédric LONG, chef des services de l’Armée de l’Air pour les risques d’incendie, et Monsieur Gilbert MOLENAT, ingénieur-chercheur en élevage, administrateur de la Maison de la Transhumance, Domaine du Merle à Salon de Provence.
Les vidéos : première partie,
Films réalisés par le Centre d’Etudes de la Parole d’Oc, Aix en Provence
MÉDÉRIC GASQUET-CYRUS TIRE LES CONCLUSIONS DU CONGRÈS
CONVENTION DU FORUM D’OC À TOULON – 5 FEVRIER 2022
CONVENTION DU FORUM D’OC À TOULON – 5 FEVRIER 2022
Sous le haut patronage de Mme. Virginie Pin, Vice-présidente du Conseil Régional
Après la loi Molac et dans la perspective des élections nationales
QUELLES PISTES D’ACTION POUR LES LANGUES DE FRANCE ?
ACCUEIL PAR ANDRÉ NEYTON
Directeur de l’Espace Comedia-Théâtre de la Méditerranée
LE MAJORAL GUY REVEST, PRÉSIDENT DU FORUM D’OC, OUVRE LE COLLOQUE
Discours d’ouverture de la Convention par Guy Revest
ALLOCUTION DE Mme. VIRGINIE PIN
Madame Virginie Pin, Vice-Présidente du conseil régional chargée de l’art de vivre, du patrimoine et des traditions, et qui participait à une réunion professionnelle nationale à Paris au moment de la réunion, se connecte aux congressistes par visioconférence. Elle apporte ses vifs encouragements à l’action des membres du Forum d’Oc et les assure de la totale sollicitude du Président Renaud Muselier à l’égard de leur démarche. Elle rappelle que la Région a constamment soutenu le Forum, en lui accordant une dotation à sa création, puis en contribuant constamment chaque année à son fonctionnement. Elle constate qu’il s’inscrit totalement dans le cadre de la politique régionale en faveur du provençal, de l’alpin et du niçois, et qu’elle fera en sorte que l’apport du Forum d’Oc aux objectifs du Conseil Régional en la matière continue à être pleinement reconnu. Elle souhaite aux congressistes une journée fructueuse et les félicite de leur engagement.
INTERVENTION DE M. LE DÉPUTÉ PAUL MOLAC
La loi Molac : quels nouveaux droits ?
Il s’agissait d’écouter Monsieur le Député Paul Molac, auteur de la loi qui porte désormais son nom : lui aussi rejoint la salle par visioconférence. Il expose à quelle problématique la loi entendait répondre. Il s’agissait de parer aux interprétations restrictives des textes généraux, constitutionnels ou législatifs, qui sont parfois utilisés par les administrations pour faire obstacle à la pratique de la langue régionale, soit dans la vie publique, soit dans l’enseignement ; et donc d’impliquer dans leur promotion l’Etat, mais aussi les collectivités territoriales. Il fallait régler des problèmes administratifs qui entravaient la prise en charge des élèves dont les familles choisissent des Etablissements où est assuré l’enseignement de la langue régionale ou en langue régionale, afin que le coût de leur scolarité puisse être assumé par les communes d’origine quand elles ne disposent pas d’un offre de langue régionale équivalente. Il s’agissait enfin de généraliser à l’ensemble du territoire national une disposition fondamentale qui était auparavant réservée seulement à la Corse : que l’enseignement de la langue régionale puisse être proposé à tous les élèves dans tous les Etablissements, et qu’en soient seuls exclus ceux dont les familles en expriment la volonté.
Monsieur Molac exposait alors le cheminement de la loi, l’hostilité à laquelle elle s’est heurtée de la part du Ministère de l’Education Nationale, qui a réussi d’abord à en vider l’essentiel du contenu lors de son premier vote à l’Assemblée Nationale, et du rôle joué par le Sénat qui en a rétabli les articles supprimés, puis la volonté commune des députés et des sénateurs qui ont résisté aux assauts renouvelés de l’Education Nationale pour voter finalement le texte de la loi dans son ensemble à une très forte majorité des deux Chambres, ce qui en fait l’un de nos textes législatifs les plus incontestables. En particulier l’article 7 de la loi, le plus important, renverse désormais la situation en obligeant les pouvoirs publics à proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves, et non plus uniquement de le permettre.
Les pressions du Ministère de l’Education Nationale aboutissaient cependant à une saisine du Conseil Constitutionnel, qui censurait la démarche d’enseignement dit par immersion, pratiquée essentiellement dans les écoles associatives du type des Calandretas pour le domaine d’oc. Cette censure aboutit à fragiliser ces Etablissements, mais en raison de la forte opposition que susciterait une mise au pas autoritaire de l’Etat dans leur fonctionnement, une circulaire l’a autorisé, en restant à la merci d’une action en justice hostile.
INTERVENTION DE M. MICHEL FELTIN-PALAS
Responsable à l’Express de la lettre d’information « Sur le bout des langues »
Quels projets réalistes pour assurer l’avenir des langues de France ?
Monsieur Michel Feltin-Palas, rédacteur en chef à l’Express et responsable dans cet hebdomadaire de la lettre d’information périodique « Sur le bout des langues », prenait dans son exposé le relais de la problématique dégagée par Paul Molac en continuité avec le thème choisi pour la Convention : « Après la loi Molac et dans la perspective des élections nationales, quelles pistes d’action pour les langues de France ? ». Il approfondissait le cadre théorique de leur perception par les pouvoirs centralisés à tendances normatives, qui s’imposent par manque de culture linguistique aux locuteurs mêmes de ces langues qu’il se refuse à appeler « régionales », puisque ce qualificatif ne traduit pas une qualité intrinsèque de la langue, mais sa situation fortuite et toujours susceptible de renversements.
Sa vaste culture en ce domaine lui permettait de citer une grande variété d’exemples illustrant la situation des langues minoritaires dans divers pays du monde et spécialement en Europe, pour en tirer une liste très concrète de propositions programmatiques, matière à questionnement pour les candidats aux élections nationales, portant sur les divers aspects de la promotion de ces langues : transmission, apprentissage, valorisation par une visibilité dans l’espace public ou par la reconnaissance d’un atout professionnel, recherche des canaux de diffusion prenant la langue pour support, dans le domaine des médias et de la création, etc.
Michel Feltin-Palas a eu l’adresse d’agencer ses propositions sous la forme de deux ensembles de degré inégal, les premières apparaissant plus facilement acceptables par des gestionnaires prudents sur le coût des moyens, les autres apparaissant plus utopiques et susceptibles de heurter une opinion routinière, mais chaque fois en les étayant par des exemples où les mesures en question ont effectivement été adoptées par tel ou tel Etat.
Les 25 questions à poser aux candidat(e)s
Ces questions seront posées par le Forum d’Oc aux candidates et candidats à la présidentielle
Les réponses seront publiées sur le site. Les mêmes questions devront être posées aux candidates et candidats la députation. Il sera demandé à chacun des membres du Forum de le faire dans leur circonscription pour ceux qui resteront en compétition au soir du premier tour. Les réponses seront communiquées de la même façon.
M. MÉDÉRIC GASQUET-CYRUS, MODÉRATEUR DES INTERVENTIONS ET DÉBATS
L’ensemble de ces interventions ont nourri des débats sereins mais intenses avec les intervenants, très habilement menés par Médéric Gasquet-Cyrus, qui ont mis en lumière les multiples questions soulevées par les thèmes abordés : la question des moyens, la ratification de la Charte européenne des langues régionales – nécessaire mais de portée pratique limitée -, le destin de la démarche immersive, etc. C’est à Médéric que revenait la charge de conclure par une synthèse brillante et une ouverture vers des horizons dynamiques.
CLÔTURE DE LA MANIFESTATION
Le Président Guy Revest clôturait la manifestation en remerciant tous ceux qui en avaient préparé le succès, et la qualité des échanges qu’ils avaient ainsi permise. Il déplorait que les conditions sanitaires ne nous aient pas permis de fêter dignement ce septième anniversaire du Forum d’Oc, en promettant que la prochaine rencontre comblerait cette provisoire frustration.
CONGRES DU FORUM D’OC À LA SEYNE – 5 OCTOBRE 2019
CONGRÈS DU FORUM D’OC À LA SEYNE – 5 OCTOBRE 2019
En partenariat avec la Ville de La Seyne – Lei Cigaloun Segnen – Lo Ceucle Occitan dau País de Sanha
Transmettre l’occitan-langue d’oc à la jeunesse – Socialiser la langue
ACCUEIL PAR LE FORUM D’OC ET LE CEUCLE OCCITAN DAU PAÍS DE SANHA
Les intervenants de la matinée : Guy Revest, Paul Molac, Michel Feltin-Palas
(C) Aquò d’Aquí DR
LE MAJORAL GUY REVEST, PRÉSIDENT DU FORUM, OUVRE LE COLLOQUE
Les objectifs du congrès dans les perspectives du Forum
Texte de l’allocution d’ouverture
agf Discours Présid. Forum La Seyne 919
LA PLURALITÉ DES APPROCHES PARMI LES LANGUES DE FRANCE
Le regard d’un élu national : intervention de Paul MOLAC
Député du Morbihan, Membre du groupe politique Libertés et Territoires, Président du Groupe d’Etudes sur les Langues et Cultures Régionales de l’Assemblée Nationale
Ecouter l’intervention de Paul Molac
(C) Aquo d'Aqua DR
Le regard d’un journaliste : intervention de Michel FELTIN-PALAS
Journaliste à l’Express, auteur de la lette hebdomadaire « Sur le bout des langues »
Ecouter l’intervention de Michel Feltin-Palas
(C) Aquo d'Aqua DR
Allocution de Marc Vuillemot, Maire de La Seyne
(C) Aquò d’Aquí DR
Texte de l’allocution de Marc Vuillemot
Apéritif et buffet offert par la Ville de La Seyne
Animation musicale par le Ceucle Occitan dau País de Sanha
Allocution d’Hélène Rigal
Conseillère Régionale, Députée suppléante du Var,
Présidente de la Commission Vie associative, cohésion sociale et solidarité
(C) Aquò d’Aquí DR
Ecouter l’intervention d’Hélène Rigal
(C) Aquò d’Aquí DR
Table ronde et interventions de l’après-midi
FAIRE CONVERGER DES DÉMARCHES MULTIPLES
(C) Aquò d’Aquí DR
Table ronde : Bilinguisme précoce, immersion, enseignement dans la langue, bilinguisme tardif, sensibilisation… Les multiples entrées, leurs finalités, leurs effets
Animée par Gilles ARBOUSSET, professeur à l’INSPÉ de Montpellier, Florent DAUBIN, maître-formateur spécialisé en occitan-langue d’oc à Carcassonne, Claude FIORENZANO, Majoral du Félibrige (Lou Raioulet de Sièis Four), Jean-Christophe GARNIER, Calandreta d’Orange, Didier MAURELL professeur agrégé d’occitan-langue d’oc (Aix en Provence et Vitrolles).
Ecouter les échanges
(C) Aquò d’Aquí DR
La langue dans un projet culturel : intervention de Matthieu POITAVIN, professeur d’occitan-langue d’oc à Orange
Du périscolaire au scolaire : l’exemple de La Ciotat : intervention de Mireille BENEDETTI, Conseillère régionale, adjointe déléguée à l’Éducation et aux activités périscolaires, Mairie de La Ciotat
(C) Aquò d’Aquí DR
(C) Aquò d’Aquí DR
Concert avec Lo Còr de La Plana
offert par le Ceucle Occitan dau País de Sanha
CONVENTION DU FORUM D’OC À AIX EN PROVENCE – 18 MAI 2019
CONVENTION DU FORUM D’OC À AIX EN PROVENCE
18 MAI 2019
EN PARTENARIAT AVEC LE CERCLE CATALÀ DE MARSELLA
Elargir l’impact du Forum d’Oc par la recherche de nouveaux partenaires : la perspective catalane
MATINÉE
Les chantiers du Forum au service de son expansion
LE MAJORAL GUY REVEST, PRÉSIDENT DU FORUM D’OC, OUVRE LA CONVENTION
Après avoir remercié la Ville d’Aix pour son accueil, le Président Guy Revest mesure les acquis du Forum d’Oc et trace la voie :
Lou Forum s’es impausa coume uno forço de recampamen soulido ounte d’àutri previlegissson l’esclusioun e la divisioun. S’es impausa tambèn pèr sa reparticioun sus l’ensèn dóu terraire regiounau e enfin pèr soun serious dins soun engajamen de l’ensèn de si branco. Douno vuei l’inteloucutour credible tant recerca pèr « lou mouvamen de proumoucioun de nosto lengo e nosto culturo » au regard di poudé, di decidaire e meme dóu publi. […] Nous fau aro countunia e avança pèr de credible que sian deveni indispensable. Es lou sèns que l’equipo permanènto de Forum d’Oc a souveta douna au recampamen de z-Ais.
L’organisation interne du Forum après quatre ans d’existence doit conserver des permanences qui ont fait leurs preuves et s’adapter aux évolutions de la situation d’aujourd’hui :
Aquéu founciounamen a evoulua desempièi la debuto e de tout segur nous faudra marca aquelo evoulucioun dins la Carto d’óurigino pèr quàuqui detai. Li tres groupo de travai qu’an moutiva nosto refleissioun soun arriba au bout de sa messioun en tant qu’estruturo. An prepara lou travai di tres chantié ounte desenant cadun pòu trouva sa plaço e que caduno e cadun a de pensa à faire viéure d’esperéli. Cade groupe a de referènt que tenèn à saluda e à regracia pèr soun engajamen e que citant aro bèn voulountié :
Gile Désécot, Reinié Martel, Oulivié Pasquetti pèr lou proumié ; Glàudi Holyst e Miquèu Benedetto pèr lou segound ; Mirèio Benedetti, qu’ourganiso e fai viéure nosto pajo Facebook emé Gui Liegeois carga dóu site internet, e óublidarai pas lou trio d’artiste Liza, Jan-Bernat Plantevin e Andriéu Neyton pèr lou tresen. Tout aquéu mounde coustitui l’equipo permanènto de Forum d’Oc emé li representant dis assouciacioun foundatriço e soun regulieramen counvida is acamp mesadié.
Dins aquéli chantié de travai, se se pòu dire, es marca l’ensèn de nòsto acioun founcieramen multiformo. Es aquelo de cadun di mèmbre de nòstis assouciacioun e groupe artisti emé si proujèt especifi, es aquelo de nòstimèmbre elegi devers sis eleitour e di mitan ounte se desveloupo sounacioun poulitico, es aquelo dis entreprenèire toucant si clientèlo e si maiun pèr counfourta li soustèn de nòsti preóucupacioun coumuno.
L’objectif de la Convention est d’étendre l’impact du Forum d’Oc au-delà des milieux et réseaux déjà concentrés sur la langue et la culture d’oc. Le partenariat avec les associations catalanistes en est un exemple :
La matinado de travai que vous prepausan es de dire que lou recampamen, d’un biais generau, repauso sus li rescontre. Prenèn lou parti de dire qu’es poussible d’interessa e de desveloupa li preóucupacioun que soun nostro dins de mitan ounte soun que de ciblo segoundàri. Lis assouciacioun catalanisto nous pourgisson dins aquelo endrechiero un partenàri privilegia, au regard di counvergènço que despièi proun tèms fan freireja l’espàci Catalan e l’espàçi óucitan-lengo d’o.
Parmi les domaines à conquérir, celui de l’enseignement est majeur et la situation actuelle de la langue dans l’Education Nationale demande une mobilisation accrue. Guy Revest rappelle que la transmission de la langue à la jeunesse sera le sujet du Congrès de La Seyne du 5 Octobre 2019.
Discours de Guy Revest à l’ouverture de la Convention
EXPOSÉS DES INTERVENANTS INVITÉS
Michel Arnaud, président de l’Institut d’Etudes Occitanes de Provence-Alpes-Côte d’Azur, expose sa démarche auprès des structures qui ont préparé la constitution du Parc Naturel Régional de la Sainte Baume pour y faire intégrer la présence de la langue, rappelle les obstacles à affronter, et les réussites tant dans les documents produits par le Parc ou la signalétique que dans les multiples contacts avec des milieux a priori extérieurs à la revendication linguistique.
Michel Arnaud. Présence de la langue dans le Parc Naturel Régional de la Sainte Baume
PRESENCIA DE LA LENGA DINS LO PARGUE NATURAU REGIONAU DE LA SANTA BAUMA
Hervé Tainton, président du Spéléo-club de Sanary, a lui aussi contribué à la préparation du Parc Régional de la Sainte Baume dans la Commission Sports de Nature, a initié le programme « Tour de Pays » qui propose des itinéraires de découverte du territoire, et travaille avec l’Institut Géographique National pour la cartographie de l’espace souterrain et des reliefs karstiques. Dans ces divers aspects il se préoccupe d’introduire la langue, notamment par rapport à la toponymie, au vocabulaire du paysage, et à la dénomination des découvertes résultant des explorations spéléologiques.
Alain Guiony, président de l’Escolo Felibrenco « Li Venturié » d’Aix et de l’Association des Amis de Saint Jean du Puy à Trets, a fondé un travail de mise en valeur de la langue sur la restauration des inscriptions provençales gravées au flanc des roches avoisinant l’ermitage établi dans les hauteurs qui dominent la ville.
Marie-Françoise Lamotte présente, à l’aide d’un film réalisé par le CEP d’Oc, le Café Provençal qui se réunit à dates fixes à Aix et constitue un lieu permettant la pratique de la langue en même temps que des occasions d’en perfectionner l’apprentissage pour des participants de milieux et de niveaux linguistiques très divers.
Guy Revest, Syndic de la Maintenance de Provence du Félibrige, présente la démarche de l’Association « Maures Développement Durable » et le rôle que doit y jouer le délégué du Forum d’Oc qu’il y représente, où on doit « èstre presènt dins l’assouciacioun e participa emé un delega (voulountàri) à la vido ativo d’aquelo assouciacioun pèr fin de deveni un referènt de nosto culturo e nosto lengo en participant i coumessioun scientifico vo d’interès coumun. Aquelo assouciacioun es en liame emé tóuti li facultat e coumita de sabènt toucant l’ecoulougìo, l’arqueoulougìo, la geoulougìo, etc, e sarié uno errour grèvo se leissavian la plaço à d’àutri ».
Guy Revest. Maure Desveloupamen Duradis
Les questions et débats qui suivent ces exposés permettent de faire expliciter leurs finalités et de faire connaître d’autres projets analogues.
Cérémonie d’inauguration du vitrail du CEP d’Oc par la Ville d’Aix
en présence de la Conseillère Municipale Arlette OLLIVIER, membre du Forum d’Oc et déléguée à la langue et à la culture provençales
Ce vitrail apposé sur la façade du CEP d’Oc a été conçu par Jean-Charles Escribano pour célébrer la fraternité ancestrale entre Provence et Catalogne à l’occasion des attentats de Barcelone de Nice et de Paris. La cérémonie est animée par la chorale des Petits Chanteurs d’Aix. Un apéritif offert par la Commune conclut ce moment festif.
APRES-MIDI
Un domaine à approfondir : l’échange avec l’espace catalan
Le président du Forum Guy Revest rappelle, pour les participants qui n’y avaient pas assisté, les apports et les débats de la matinée. Il présente les intervenants de l’après-midi qui vont traiter plus spécialement de la relation entre Provence, Pays d’Oc et Catalogne.
Discours de Guy Revest pour ouvrir la troisième partie de la Convention
Marie-Françoise Lamotte présente un film du CEP d’Oc réalisé par le regretté Jean-Pierre Belmon à l’occasion de la venue des responsables du Jornalet, média numérique en occitan-langue d’oc diffusé depuis Barcelone.
Voir la vidéo sur le site du Centre d’Études de la Parole D’OC
CONFÉRENCE DE PHILIPPE MARTEL
L’intervention de Philippe Martel, professeur émérite à l’Université de Montpellier III, traite le thème : Provence, Catalogne, Pays d’Oc : une fraternité historique à incarner. Il y dresse depuis les origines le tableau de leurs relations étroites et complexes, dans la période médiévale, dans celle de la Renaixença catalane du XIX° siècle et ses rapports avec le mouvement mistralien, et enfin dans la période contemporaine jusqu’à l’actualité la plus récente, pour se projeter vers les chemins d’un développement solidaire.
Intervention de Philippe Martel : « Prouvènço e Catalougno » : les rapports occitano-catalans dans l’histoire.
Ph.Martel.Catalans et occitans
TABLE RONDE
Les pays catalans et la Provence. Regards croisés
Dirigée par Henri-José Deulofeu, professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille, la table ronde permet d’entendre deux des enseignants de catalan dans cette Université, Maria Estrella Massip Graupera et Francesc Niubó qui présentent le colloque ouvert au public qu’ils y organisent du 10 au 12 Octobre 2019. L’architecte catalan Josep Ferrés, en s’appuyant sur l’historique de la construction d’une mosquée dans une ville catalane, illustre la question des démarches d’intégration dans un milieu où deux références du pays d’accueil se côtoient.
Préfiguration du programme du colloque des 10-12 Octobre
Josep Ferrés. Le voisin comme inconnu : l’architecture pour mieux se connaître
Après les questions de la salle et les débats qui les accompagnent, Guy Revest conclut la journée et invite tous les participants au Congrès du Forum d’Oc à la Seyne le Samedi 5 Octobre 2019, sur le thème : Transmettre l’occitan-langue d’oc à la jeunesse, socialiser la langue.
CONVENTION DU FORUM D’OC À TOULON – 5 FEVRIER 2022
CONVENTION DU FORUM D’OC À TOULON – 5 FEVRIER 2022
Sous le haut patronage de Mme. Virginie Pin, Vice-présidente du Conseil Régional
Après la loi Molac et dans la perspective des élections nationales
QUELLES PISTES D’ACTION POUR LES LANGUES DE FRANCE ?
ACCUEIL PAR ANDRÉ NEYTON
Directeur de l’Espace Comedia-Théâtre de la Méditerranée
LE MAJORAL GUY REVEST, PRÉSIDENT DU FORUM D’OC, OUVRE LE COLLOQUE
Discours d’ouverture de la Convention par Guy Revest
ALLOCUTION DE Mme. VIRGINIE PIN
Madame Virginie Pin, Vice-Présidente du conseil régional chargée de l’art de vivre, du patrimoine et des traditions, et qui participait à une réunion professionnelle nationale à Paris au moment de la réunion, se connecte aux congressistes par visioconférence. Elle apporte ses vifs encouragements à l’action des membres du Forum d’Oc et les assure de la totale sollicitude du Président Renaud Muselier à l’égard de leur démarche. Elle rappelle que la Région a constamment soutenu le Forum, en lui accordant une dotation à sa création, puis en contribuant constamment chaque année à son fonctionnement. Elle constate qu’il s’inscrit totalement dans le cadre de la politique régionale en faveur du provençal, de l’alpin et du niçois, et qu’elle fera en sorte que l’apport du Forum d’Oc aux objectifs du Conseil Régional en la matière continue à être pleinement reconnu. Elle souhaite aux congressistes une journée fructueuse et les félicite de leur engagement.
INTERVENTION DE M. LE DÉPUTÉ PAUL MOLAC
La loi Molac : quels nouveaux droits ?
Il s’agissait d’écouter Monsieur le Député Paul Molac, auteur de la loi qui porte désormais son nom : lui aussi rejoint la salle par visioconférence. Il expose à quelle problématique la loi entendait répondre. Il s’agissait de parer aux interprétations restrictives des textes généraux, constitutionnels ou législatifs, qui sont parfois utilisés par les administrations pour faire obstacle à la pratique de la langue régionale, soit dans la vie publique, soit dans l’enseignement ; et donc d’impliquer dans leur promotion l’Etat, mais aussi les collectivités territoriales. Il fallait régler des problèmes administratifs qui entravaient la prise en charge des élèves dont les familles choisissent des Etablissements où est assuré l’enseignement de la langue régionale ou en langue régionale, afin que le coût de leur scolarité puisse être assumé par les communes d’origine quand elles ne disposent pas d’un offre de langue régionale équivalente. Il s’agissait enfin de généraliser à l’ensemble du territoire national une disposition fondamentale qui était auparavant réservée seulement à la Corse : que l’enseignement de la langue régionale puisse être proposé à tous les élèves dans tous les Etablissements, et qu’en soient seuls exclus ceux dont les familles en expriment la volonté.
Monsieur Molac exposait alors le cheminement de la loi, l’hostilité à laquelle elle s’est heurtée de la part du Ministère de l’Education Nationale, qui a réussi d’abord à en vider l’essentiel du contenu lors de son premier vote à l’Assemblée Nationale, et du rôle joué par le Sénat qui en a rétabli les articles supprimés, puis la volonté commune des députés et des sénateurs qui ont résisté aux assauts renouvelés de l’Education Nationale pour voter finalement le texte de la loi dans son ensemble à une très forte majorité des deux Chambres, ce qui en fait l’un de nos textes législatifs les plus incontestables. En particulier l’article 7 de la loi, le plus important, renverse désormais la situation en obligeant les pouvoirs publics à proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves, et non plus uniquement de le permettre.
Les pressions du Ministère de l’Education Nationale aboutissaient cependant à une saisine du Conseil Constitutionnel, qui censurait la démarche d’enseignement dit par immersion, pratiquée essentiellement dans les écoles associatives du type des Calandretas pour le domaine d’oc. Cette censure aboutit à fragiliser ces Etablissements, mais en raison de la forte opposition que susciterait une mise au pas autoritaire de l’Etat dans leur fonctionnement, une circulaire l’a autorisé, en restant à la merci d’une action en justice hostile.
INTERVENTION DE M. MICHEL FELTIN-PALAS
Responsable à l’Express de la lettre d’information « Sur le bout des langues »
Quels projets réalistes pour assurer l’avenir des langues de France ?
Monsieur Michel Feltin-Palas, rédacteur en chef à l’Express et responsable dans cet hebdomadaire de la lettre d’information périodique « Sur le bout des langues », prenait dans son exposé le relais de la problématique dégagée par Paul Molac en continuité avec le thème choisi pour la Convention : « Après la loi Molac et dans la perspective des élections nationales, quelles pistes d’action pour les langues de France ? ». Il approfondissait le cadre théorique de leur perception par les pouvoirs centralisés à tendances normatives, qui s’imposent par manque de culture linguistique aux locuteurs mêmes de ces langues qu’il se refuse à appeler « régionales », puisque ce qualificatif ne traduit pas une qualité intrinsèque de la langue, mais sa situation fortuite et toujours susceptible de renversements.
Sa vaste culture en ce domaine lui permettait de citer une grande variété d’exemples illustrant la situation des langues minoritaires dans divers pays du monde et spécialement en Europe, pour en tirer une liste très concrète de propositions programmatiques, matière à questionnement pour les candidats aux élections nationales, portant sur les divers aspects de la promotion de ces langues : transmission, apprentissage, valorisation par une visibilité dans l’espace public ou par la reconnaissance d’un atout professionnel, recherche des canaux de diffusion prenant la langue pour support, dans le domaine des médias et de la création, etc.
Michel Feltin-Palas a eu l’adresse d’agencer ses propositions sous la forme de deux ensembles de degré inégal, les premières apparaissant plus facilement acceptables par des gestionnaires prudents sur le coût des moyens, les autres apparaissant plus utopiques et susceptibles de heurter une opinion routinière, mais chaque fois en les étayant par des exemples où les mesures en question ont effectivement été adoptées par tel ou tel Etat.
Les 25 questions à poser aux candidat(e)s
Ces questions seront posées par le Forum d’Oc aux candidates et candidats à la présidentielle
Les réponses seront publiées sur le site. Les mêmes questions devront être posées aux candidates et candidats la députation. Il sera demandé à chacun des membres du Forum de le faire dans leur circonscription pour ceux qui resteront en compétition au soir du premier tour. Les réponses seront communiquées de la même façon.
M. MÉDÉRIC GASQUET-CYRUS, MODÉRATEUR DES INTERVENTIONS ET DÉBATS
L’ensemble de ces interventions ont nourri des débats sereins mais intenses avec les intervenants, très habilement menés par Médéric Gasquet-Cyrus, qui ont mis en lumière les multiples questions soulevées par les thèmes abordés : la question des moyens, la ratification de la Charte européenne des langues régionales – nécessaire mais de portée pratique limitée -, le destin de la démarche immersive, etc. C’est à Médéric que revenait la charge de conclure par une synthèse brillante et une ouverture vers des horizons dynamiques.
CLÔTURE DE LA MANIFESTATION
Le Président Guy Revest clôturait la manifestation en remerciant tous ceux qui en avaient préparé le succès, et la qualité des échanges qu’ils avaient ainsi permise. Il déplorait que les conditions sanitaires ne nous aient pas permis de fêter dignement ce septième anniversaire du Forum d’Oc, en promettant que la prochaine rencontre comblerait cette provisoire frustration.
CONGRÈS DU FORUM D’OC À NICE – 17 NOVEMBRE 2018
LA VILLE DE NICE ADHÈRE AU FORUM D’OC
L’ACCUEIL PAR LES ÉLÈVES D’OLIVIER PASQUETTI AU LYCÉE MASSENA
LES SIGNATURES
Nice
Ilonse
Levens
Moulinet
LE MAJORAL GUY REVEST, PRÉSIDENT DU FORUM, OUVRE LE COLLOQUE
Les perspectives du Forum dans le contexte présent
Lou Forum d’Oc : un projet en chantié
UNE LANGUE POUR FÉDÉRER LA DIVERSITÉ
Christian Lagarde, professeur à l’Université de Perpignan
Restaurer la langue des origines : assembler la diversité par la permanence d’un repère stable
AGIR POUR LA LANGUE RÉGIONALE DANS L CINQUIÈME VILLE DE FRANCE
Jean-Luc Gagliolo, professeur d’occitan-langue d’oc, conseiller municipal délégué a patrimoine et à la langue niçoise, Mairie de Nice
OLIVIER PASQUETTI ET LIZA
Modérateurs des interventions et des tables rondes
PREMIÈRE TABLE RONDE
TRANSMETTRE À LA JEUNESSE DANS UN CARREFOUR CULTUREL
SECONDE TABLE RONDE
CRÉER DANS UN ESPACE DE CONFLUENCES
LE GROUPE LI FALABRACS DE VALDEBLORE ANIME L’APÉRITIF
Compte-Rendu – Convention du Forum d’Oc à Saint Maximin – 14 Avril 2018
PROMOUVOIR L’OCCITAN-LANGUE D’OC
DANS LES PROGRAMMES D’ACTION DES PARCS NATURELS
Accueil et intervention des élus
Monsieur le Maire de Saint Maximin était représenté par Monsieur l’Adjoint Laurent Martin, qui ouvre en son nom les travaux de la Convention, remercie le Forum d’Oc d’avoir choisi sa ville pour y tenir ce rassemblement, et souhaite à l’assemblée des travaux fructueux. Il annonce la venue de Madame la Première Adjointe Mireille Bœuf déléguée à la culture et au patrimoine historique. Monsieur Alain Decanis, conseiller municipal, assiste également à la Convention. Le Président du Forum Guy Revest remercie la Municipalité d’avoir mis gracieusement à la disposition du Forum, par l’intermédiaire de l’association La Madalenenco, la salle des Fêtes de Saint Maximin.
Accueil par l’Association La Madalenenco
La Convention était donc accueillie par l’association la Madalenenco, école félibréenne, membre du Forum d’Oc depuis sa fondation. Le Président Michel Petit rappelle que l’association fête cette année ses cinquante ans, et expose ses diverses activités dans le domaine de la promotion de la langue d’oc. Il rend hommage au rôle du Majoral René Reybaud présent dans la salle et souligne que l’association s’est engagée pour que la langue régionale soit présente dans la Charte du Parc de la Sainte Baume.
La situation du Forum d’Oc
Le Président du Forum donne la liste des personnalités qui se sont excusées de ne pouvoir assister à la Convention et résume brièvement les objectifs du Forum, qui rassemble à ce jour 421 adhérents, associations, collectivités territoriales, élus, entreprises, groupes artistiques. Il réitère ses remerciements à la Municipalité et à l’association La Madalenenco, et justifie le choix du thème de la Convention en rappelant que les Parcs régionaux occupent un tiers de la superficie de la région et que s’y rassemble environ le cinquième de sa population. En citant le slogan des Parcs régionaux Une autre vie s’invente ici, il souligne l’importance de s’appuyer sur le socle patrimonial de la Région pour développer l’originalité de sa personnalité, qui constitue son attractivité et qui renforce la volonté de ses habitants de promouvoir un développement spécifique respectueux du milieu et de son héritage.
Lire le discours du Président Guy Rivest
Le Président du Forum remet le diplôme et les insignes du label Reconnu Garant de l’Oc à deux entreprises situées sur le territoire du Parc de la Sainte Baume et qui viennent d’adhérer au Forum : le Domaine viticole de la Jacourette à Pourrières et l’exploitation apicole Labeillevie à Auriol.
Le Forum d’Oc et le Parc Régional de la Sainte Baume
Monsieur Alexandre Noël, Directeur du Parc Régional de la Sainte Baume, présente les excuses du Président du Parc, Monsieur Michel Gros, retenu pour des raisons familiales. Il se félicite que la Convention se tienne à Saint Maximin la Sainte Baume, l’une des deux communes qui portent le nom du Parc, chargé de souvenirs historiques qui touchent particulièrement la tradition provençale, également présente à Brignoles, une des résidence des Comtes de Provence. Il était naturel que le provençal soit pris en compte dans la Charte du Parc, avec deux objectifs principaux : faire rayonner la culture provençale et améliorer la visibilité de la langue régionale, qu’un certain nombre de dispositions de la Charte visent à promouvoir. Il s’agira en particulier d’organiser des parcours thématiques autour du provençal et réaliser une signalétique routière bilingue qui va se manifester déjà dans la pose de panneaux bilingues à l’entrée des communes du Parc ; de soutenir des programmes d’apprentissage de la langue, et d’éditer un guide des spécificités du Parc donnant une large part à la présence de la langue (toponymie, désignation des espèces vivantes, etc.).
Ecouter et voir un extrait de l’intervention de Monsieur Alexandre Noël
Monsieur Michel Arnaud, Président du Comitat Provençau de la Santa Bauma-Coumitat Prouvençau de la Santo Baumo, rappelle l’investissement qui a été pendant cinq ans celui des membres de ce Comité, issus des milieux du Félibrige et de l’Institut d’Etudes Occitanes, pour inciter à la prise en compte de l’occitan-langue d’oc dans la Charte du Parc, tâche qu’il s’attachera naturellement à poursuivre à l’avenir : socialiser la langue, la rendre visible dans la signalétique, les publications ; développer des programmes d’apprentissage en milieu scolaire et en milieu professionnel, à commencer par les agents du Parc et les Offices de tourisme ; associer la population au projet par une animation ciblée ; valoriser le patrimoine matériel et immatériel, sans le déprécier dans la folklorisation, mais l’intégrer comme composante du développement. Dès à présent, la carte du Parc qui vient d’être éditée pour le grand public inclut le provençal maritime dans les deux graphies classique et mistralienne. Rappelant les obstacles auxquels s’est heurtée la volonté du Comité, et la détermination avec laquelle il a su les surmonter, Monsieur Arnaud appelle à rester attentif au respect des engagements.
Voir les engagements de la Charte du Parc en faveur de l’occitan-langue d’oc.
Lire le texte de l’intervention de Monsieur Michel Arnaud
Ecouter et voir la conclusion de l’intervention de Monsieur Michel Arnaud
Un exemple de démarche concertée est fourni par le projet de l’école élémentaire Jean-Mermoz 2 d’Aubagne sur la découverte du patrimoine naturel et du patrimoine industriel du massif de la Sainte Baume. Ce projet a été financé dans le cadre du Prix des Jeunes attribué par l’Association Culturelle Provençale de Ventabren et l’AELOC, et a donné lieu à un film du Comité Provençal de la Sainte Baume.
Voir le film sur le projet de l’école Jean Mermoz.
Un exemple : l’occitan-langue d’oc dans le Parc Naturel du Périgord-Limousin
Madame Stéphanie Pouplier, chargée de mission pour la culture occitane, a bien voulu préparer un document très complet à l’intention de la Convention du Forum d’Oc pour présenter l’action du Parc du Périgord-Limousin dans ce domaine. Un problème technique n’a pas permis d’associer le son aux images du document, et Monsieur Michel Arnaud les a commentées à partir de son écoute préalable de la partie sonore.
Table ronde et débat avec le public : des intentions au concret
La table ronde était présidée par Monsieur Jean-Marc Thénoux, Président de l’Ecomusée de la Sainte Baume. Elle réunissait Madame Marie-Françoise Lamotte, Directrice d’école à Puyloubier, Monsieur Robert Eymoni, restaurateur et spécialiste de gastronomie provençale, Monsieur Denis Fiorile, apiculteur à Auriol, Claude Holyst, Directeur de l’Agence Régionale pour l’Environnement, Monsieur André Inaudi, de l’Association Pays et Gens du Verdon. Trois autres intervenants ont dû renoncer à être présents pour raisons impératives, Madame Hélène Dragon, exploitante du domaine vinicole La Jacourette à Pourrières, Madame Eliane Tourtet, journaliste et conseillère municipale dans le Parc des Baronnies, et Monsieur Jean-Marc Couve, député-maire honoraire, président de l’Association Maures-Développement durable.
Monsieur Jean-Marc Thénoux rappelle son attachement à la langue provençale de par ses origines dans le terroir de la Sainte Baume, son rôle dans le Conseil de Parc, sa fonction au sein de la Fédération des Ecomusées en relation avec la Fédération des Parcs naturels régionaux français. A partir du thème général de la Convention, et celui de la table ronde qui consiste à s’interroger sur les moyens concrets de développer la langue dans les actions menées par les Parcs naturels, il demande aux participants de présenter les démarches et projets qui peuvent efficacement concourir à ce but, puis les obstacles rencontrés et comment ils ont pu être surmontés ; suivra un débat avec la salle.
Madame Marie-Françoise Lamotte insiste sur le rôle des associations pour faire avancer la langue dans l’enseignement, et la nécessité de mutualiser les initiatives des établissements scolaires. Les moyens de l’Education nationale sont de plus en plus réduits, l’enseignement demande des supports attrayants, des projets motivants que seul le milieu associatif aidé par les collectivités territoriales peut fournir. La mise en commun des réalisations entre les établissements est indispensable, elle restent pour l’instant éparses et isolées.
Monsieur André Inaudi rappelle les origines de l’association « Pays et Gens du Verdon » fondée en 1991 par Daniel Daumas, et regrette que les actions de sensibilisation à la langue autrefois initiées dans la région du Verdon à destination du public et particulièrement du milieu scolaire aient été abandonnées. Il déplore la perte de la transmission de la mémoire dans des zones devenues des « territoires sans nom » . L’association dont il est administrateur a pour ancrage cette zone géographique, mais la problématique qu’elle dessine présente une portée universelle ; avec la revue qu’elle publie, et où la langue régionale est présente, elle se donne pour mission de rechercher les personnes porteuses d’une mémoire et susceptibles de la transmettre.
Monsieur Claude Holyst rappelle qu’il a commencé sa carrière comme stagiaire dans la zone du Parc du Verdon, et dans le travail qu’il menait sur la question du foncier il a perçu le lien qu’elle entretient avec la culture. L’Agence régionale pour l’Environnement qu’il dirige est souvent perçue comme limitée à la protection du milieu naturel, tout comme les Parcs qu’on tend à percevoir comme des réserves, alors que l’une et les autres ont pour mission de susciter un dynamisme dans tous les aspects du développement durable, incluant les pratiques sociales et les façons de vivre dans les territoires, facteur d’identification et donc d’ouverture, la langue étant à la fois moyen d’intégration interne et de communication, non seulement dans tout l’espace occitan, mais dans l’espace latin et méditerranéen et même au delà : ainsi la technique de la pierre sèche se retrouve en Ecosse aussi bien qu’en Amérique latine.
La région est un espace de forte intégration, aussi bien depuis les régions françaises du Nord de la Loire que des foyers d’émigration. La fierté d’appartenir à un territoire est un élément de forte complicité qui constitue aussi un facteur d’attractivité. Ainsi l’entreprise L’Occitane a des succursales dans toutes les capitales ; elle a structuré des filières de plantes aromatiques sur son territoire : on voit ainsi comment s’établit le lien entre le local et l’international. La difficulté est de faire passer ces messages au sein des institutions : on peut y parvenir en créant des binômes élus-techniciens, mais au sein des Parcs il n’y a pas de fonction chargée spécifiquement de la langue et de la culture régionale. Sans cette double cheville, la démarche est bloquée.
Voir et écouter un extrait de l’intervention de Monsieur Claude Holyst
Monsieur Denis Fiorile remercie le Forum d’Oc de lui donner l’occasion. de présenter ses produits. En tant que producteur il se pose naturellement la question du devenir global du territoire et le rôle que peut y jouer la constitution d’un Parc naturel. Prenant l’exemple de la ville d’Auriol, il soulève le problème actuel d’une zone agricole susceptible d’être déclassée. Pour limiter le bétonnage des espaces naturels, une action solidaire s’impose.
Monsieur Robert Eymoni évoque d’abord son étonnement lorsque, enseignant dans l’Agence Nationale pour la Formation à Istres, il constate que sur les 32 semaines de formation des cuisiniers, une seule semaine était consacrée à la cuisine provençale. Il souligne l’importance du lien avec la langue dans la transmission des savoirs en matière de gastronomie et d’alimentation (des tapenades sans « tapenas » !), des manières de table aussi. Il juge donc encourageantes les intentions du Parc de la Sainte Baume et du Luberon pour promouvoir la pratique de la langue.
Monsieur Jean-Marc Thénoux pose alors la question de cerner les éléments de blocage qui entravent la prise en compte de la langue et de la culture régionale dans les programmes d’action.
Monsieur André Inaudi remarque que la liste des obstacles est déjà dressée, et qu’on continue à s’y heurter. La perte de la transmission de la mémoire a commencé par la famille, les manières et façons de s’exprimer. Ce qui a constitué les éléments de la culture régionale s’est érodé ; quand on recherche ses formes originelles, il faut se tourner vers le passé. La culture dominante des villes se propage, les urbains voient la nature comme sauvage, alors qu’elle a été partout transformée par le travail humain, et on ne s’intéresse pas aux savoirs non répertoriés. Il craint que les Parcs participent à ce « jacobinisme » culturel.
Madame Marie-Françoise Lamotte déclare que les programmes de l’Education Nationale sont très ouverts, mais restent sans moyens spécifiques adéquats, et le caractère facultatif de cet enseignement le rend très instable. La formation initiale est inexistante dans le premier degré, la formation continue à peu près autant, malgré les efforts des conseillers pédagogiques de langue régionale des Bouches du Rhône, présents dans la salle. Le CAPES d’occitan-langue d’oc offre quatre places annuelles pour l’ensemble des pays occitans. La proportion des élèves rencontrant la langue régionale varie entre 1 et 3 % de l’effectif total dans le premier et le second degré pour les deux Académies de Nice et de Marseille. Le soutien de l’institution est défaillant, aucune nouvelle classe bilingue ne s’est ouverte depuis des années à Aix-Marseille et quasiment rien dans l’Académie de Nice. Ailleurs la situation est contrastée : le département de l’Hérault risque de perdre son unique conseiller pédagogique de langue régionale. En revanche, à Toulouse, le nombre de classes bilingues est en progression tous les ans, le Conseil Régional offre des bourses aux étudiants qui s’engagent à exercer dans une école bilingue : on en est loin ici ! La volonté politique est un appui indispensable.
La pente naturelle de la demande parentale met en concurrence la langue régionale avec l’anglais et à présent le chinois, sans percevoir que l’important est la fréquentation d’une autre langue dès la petite enfance, dans une situation pourvue de sens : il est absurde de commencer l’apprentissage du chinois à 4 ans si on n’a pas le projet de vivre en Chine, alors que les occasions de rencontre avec la langue régionale seront bien plus significatives dans le quotidien du milieu de vie de l’enfant. Toute la partie du programme concernant la découverte du monde peut se faire en utilisant la langue régionale, et permet des activités centrées sur le milieu de vie ou des explorations en ligne. Quand on explique ces arguments aux familles et aux élèves on est suivi avec enthousiasme, mais ce travail constamment à renouveler est très coûteux en énergie .
Monsieur Claude Holyst distingue les obstacles individuels qui conduisent à ne pas oser parler la langue à ses enfants, à son entourage ; il remarque que dans son village de Pourrières bien des gens savent la parler mais s’en abstiennent : il faut susciter les enthousiasmes et donner du sens à la volonté de s’approprier la langue ; et les obstacles collectifs, qui proviennent de ce que l’usage de la langue ne véhicule pas une image de modernité, bien que cette critique s’atténue à présent. Mais la société contemporaine vit dans le court terme, la tyrannie de la rentabilité, les références prétendues de la mondialisation qui truffent les discours d’anglicismes branchés. L’intérêt du Forum d’Oc est de vouloir bâtir une vraie stratégie politique, qui remonte depuis les cercles militants et qui cherche à se faire valider par les politiques, en passant par le niveau régional qui a des compétences en ce domaine pour parvenir à un stade décisionnel utile.
Monsieur Robert Eymoni constate le manque de bain culturel et linguistique. La nouvelle génération qui perdu la langue peut recevoir au mieux quelques heures d’enseignement du provençal en milieu scolaire, mais hors de l’établissement la langue est exclue. C’est ce vide qu’il faut arriver à combler.
Le débat
Monsieur Marc Dumas, représentant la Présidente du Parc du Luberon, recherche ce qui fait le lien entre toutes les pistes qui ont été évoquées : c’est à ses yeux la connaissance. Se référant à Pierre Martel, fondateur du mouvement des Alpes de Lumière, pour qui tout commence par la géologie, il suggère de s’interroger sur la géologie de notre langue, et évoque le rapport entre la langue et le milieu, en prenant l’exemple de la toponymie. Rappelant son action pédagogique tant auprès du public scolaire qu’adulte, il relate l’expérience d’auditeurs de ses cours, originaires d’une autre région, qui ont utilisé leurs connaissances de provençal pour approcher l’espagnol lors d’un voyage au Mexique. Le provençal peut jouer un rôle majeur dans le processus d’intercompréhension des langues romanes. Mais encore faut-il que la volonté de le promouvoir soit efficiente. Rappelant son rôle déterminant dans la création de la Calandreta d’Orange, passée en quelques années d’un groupe de dix élèves à trois classes, il ne peut que déplorer que seulement deux écoles de ce type aient été créées en Provence, alors qu’il y en a une dizaine dans la région toulousaine.
Monsieur Bernard Vaton, président de la Fédération des Calandretas de Provence, rappelle que ces écoles laïques associatives en contrat avec l’Etat sont actuellement au nombre de 71, qu’elles débouchent sur 4 collèges et un lycée. Elles emploient 220 enseignants dont 180 sont des contractuels de l’Etat, et elle dispose d’un centre de formation national à Béziers. Elles ont comblé le vide laissé par l’Education Nationale en la matière. Mais notre région n’en compte que deux. De l’autre côté du Rhône, les régions consacrent deux millions d’euros aux Calandretas, la nôtre lui en consacre 55 000. Il déplore l’absence d’une politique régionale de promotion de la langue comparable à celle des autres régions occitanes ou à celle du Conseil Régional de Bretagne. La politique nationale n’est pas plus favorable ; on a même récemment allongé à 5 ans de fonctionnement sur ressources propres le délai nécessaire avant qu’une école nouvellement créée soit contractualisée.
Monsieur Michel Neumuller, journaliste et rédacteur du journal papier et électronique Aquò d’Aquí, donne en exemple le travail de l’Agence Régionale de l’Environnement qui publie des brochures trilingues (français, anglais, provençal) sur la régénération d’espèces menacées, comme la vipère d’Orsini ou la tortue d’Hermann. Les Parcs naturels pourraient s’emparer de cette démarche.
Monsieur Christian Ollivier se félicite de l’intérêt des interventions et attire l’attention sur la nécessité de préserver à la région son nom de « Provence ». Il souhaite que la question soit abordée dans le cadre du Forum.
On rappellera à ce sujet que le Forum a adressé un courrier en ce sens au Président du Conseil Régional.
Le travail des Commissions
Lire les comptes-rendus des trois Commissions du Forum
Commission Développement durable, pouvoirs locaux
Commission Culture et Communication
Commission Enseignement et Formation
Les conclusions du colloque par Monsieur Jean-Marc Thénoux
Article de Var Matin
Compte-rendu du COLLOQUE DE ROUSSET le 25 novembre 2017
LA LANGUE D’OC ET LA QUESTION DE L’IDENTITÉ
Les colloques de l’AELOC scandent tous les deux ans la vie de notre réseau en proposant le seul rassemblement régional d’envergure sur l’enseignement de la langue et des conditions de sa transmission.
Le douzième depuis la création de l’association inaugure une réflexion urgente sur la question de l’identité, source de débats passionnés et de divisions profondes dans la société nationale comme régionale. Echanges et apports ont en tout cas été unanimement appréciés pour leur haute qualité.
Il s’agissait d’abord de mettre le sujet dans la perspective de l’enseignement qui est le but de l’AELOC : un bref rappel de la situation en milieu scolaire présenté par Nathalie Wurbel en montrait à la fois les avancées indéniables depuis les trois ou quatre dernières décennies et les fragilités permanentes, crûment mises en valeur par les impitoyables statistiques des deux rectorats régionaux : moins de 3 % des écoliers, 2 % des collégiens, 1 % des lycéens sont touchés par cet enseignement, et reste à savoir à quel niveau d’efficacité pour chacun.
1. Nathalie Wurbel. Les chiffres officiels des Académies d’Aix-Marseille et de Nice
Mireille Benedetti, à partir des compétences que lui confère sa fonction d’élue régionale et d’adjointe aux affaires scolaires à La Ciotat, s’attachait ensuite à cerner l’identité régionale pour laquelle la nouvelle mandature a décidé de confier une mission à l’un des Vice-Présidents du Conseil Régional, Philippe Vitel, et en faveur de laquelle l’assemblée régionale a voté une de ses premières délibérations en Juin 2016.
2. Mireille Benedetti. L’identité régionale
Représentant le Directeur Académique des Services de l’Education Nationale des Bouches du Rhône, Pierre Blache, Inspecteur de l’Education Nationale dans le territoire où se tenait le colloque, rappelait l’intérêt porté par son Administration à ce chantier, et reprenait l’historique du projet spécifique qui a permis au département de le développer de façon aussi originale que prometteuse.
Le diaporama de l’intervention: Identité régionale
3. Intervention de l’Inspecteur Pierre Blache représentant le Directeur Académique
Il fallait ensuite cerner le concept même d’identité dans sa relation avec les langues de France, et c’est à ce défi que s’affrontait Christian Lagarde, professeur à l’Université de Perpignan, qui avait accepté de remplacer Pascal Ottavi de l’Université de Corte prévu par le programme et empêché pour raison de santé.
Dans un exposé d’une parfaite clarté, il synthétisait l’évolution du statut des langues de France dans les deux derniers siècles, puis exposait les approches fondamentales du concept d’identité en s’appuyant sur les travaux de Fredrik Barth, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, ainsi que de Paul Ricœur, pour opposer une conception contrainte par la pression du groupe à une démarche d’ouverture plus libérée, à la première correspondant le sentiment d’appartenance, la métaphore de la racine, la notion de « mêmeté » uniforme ; à la seconde la notion de référence, l’image botanique du rhizome, et le concept d’ipséité selon Paul Ricœur, possibilité d’être soi-même dans toute la diversité de chaque individu.
La vidéo Un film du Cep d’Oc, Image et montage Marie-Françoise LAMOTTE a retrouvé également sur le site de l’AELOC
4. Les langues de France devant la question de l’identité. Intervention du Professeur Christian Lagarde
Sur ces bases, et après un dialogue avec l’assistance, Pierre Blache menait avec rigueur et dextérité un riche débat qui faisait intervenir, autour de Christian Lagarde, une Directrice d’école maternelle, notre collègue Marie-Françoise Lamotte, un professeur d’occitan-langue d’oc, notre collègue Mathieu Poitavin, et Abdelhak Elhadi, Directeur des Accueils de Loisirs de la Ville de La Ciotat qui développe un vaste projet d’approche de la langue d’oc en relation avec les écoles publiques.
Le texte de Christian Lagarde : Le concept d’identité appliqué aux « langues de France »
L’intervention
5. Une langue pour rassembler. Débat animé par l’Inspecteur Pierre Blache
Miquèu Montanaro, après avoir rappelé la grande diversité des origines de son groupe familial, montrait comment les échanges nourrissent chaque identité sans l’altérer, mais en accompagnant ses inéluctables évolutions. Cette démarche d’intégration s’est incarnée dans le village varois de Correns dont la dynamique s’est développée en concomitance avec l’installation du Centre de création des nouvelles musiques traditionnelles et du monde.
Ce mode de création, Miquèu Montanaro et son fils Baltazar avec qui il forme le duo « Ki », d’un mot hongrois qui a pour connotation l’extériorité tout en servant à interroger sur l’identité, en donnait de brillants exemples dans un climat intime et attentif.
6. L’identité provençale s’ouvre au monde : la voie de la création musicale. Miquèu et Baltazar Montanaro
Les partenaires de l’AELOC au sein du Forum d’Oc avaient apporté leur concours habituel, par leur présence et par la tenue de stands présentant les productions culturelles et pédagogiques de chacun. L’association l’Aigo Vivo de Rousset a assuré un accueil spectaculaire démontrant l’originalité de sa recherche qui retravaille la tradition à travers le contemporain et sait y associer la jeune génération.
Enfin, la réception de la Ville de Rousset, inaugurée par l’intervention de l’Adjoint Délégué à la Culture au nom du Maire, a été chaleureuse et irréprochable, avec un personnel municipal attentif au moindre détail, et l’offre d’un généreux apéritif qui a terminé la journée dans une joyeuse ambiance.
La vidéo à retrouver également sur le site de l’AELOC
Compte-Rendu – Congrès du Forum d’Oc à Forcalquier – 14 octobre 2017
L’OCCITAN-LANGUE D’OC ET L’ESPACE RURAL
Quels rapports entre langue et territoire
CONGRÈS DU FORUM D’OC À FORCALQUIER
le 14 Octobre 2017
En préambule du Congrès, le Professeur Jean-Claude Bouvier a présenté l’ouvrage qu’il a rédigé avec Claude Martel du CNRS, La langue d’oc telle qu’on la parle, dernier volume du monumental Atlas Linguistique de Provence édité dans une présentation claire et attrayante par la revue Alpes de Lumière.
Interventions des élues et élus
Le Maire de Forcalquier, Gérard Avril, dont la commune vient d’adhérer au Forum d’Oc, a ouvert le Congrès en rappelant ce que sa ville avait apporté à l’histoire de la Provence et assuré le Forum de son entier soutien. La Vice-Présidente du Conseil Départemental des Alpes de Haute-Provence, Nathalie Ponce-Gassier, déléguée à la langue provençale, prenait ensuite la parole dans un excellent provençal pour rendre hommage aux actions du Forum et l’assurer de l’entier appui de la collectivité qu’elle préside.
Après avoir évoqué le décès récent du Président Gilbert Sauvan, elle rendait hommage au travail des élus qui l’avait précédée, Marcel Clément et Geneviève Primiterra, qui prenait la parole à son tour pour apporter le salut de la Ville de Digne aux congressistes.
Enfin, Bruno Genzana s’adressait aux congressistes au nom du Président du Conseil Régional et du Vice-Président Philippe Vitel, délégué à l’identité régionale. Il traduisait la sollicitude du Président Renaud Muselier qui s’inquiète de voir notre langue en danger et qui souhaite voir ses défenseurs « debout, forts et unis ».
Le Président du Forum d’Oc Guy Revest, après avoir noté que c’était la première fois que le Conseil Régional était représenté à une manifestation du Forum, remettait aux collectivités territoriales et aux entreprises nouvellement adhérentes du département le diplôme d’adhésion au Forum et les insignes du label « Reconnu Garant de l’Oc ».
Etaient ainsi distingués la Ville de Forcalquier, le Conseil Départemental des Alpes de Haute Provence, la Ville de Digne, la ville de Saint Etienne les Orgues, l’entreprise des Distilleries et Domaines de Provence et l’hebdomadaire Haute Provence-Infos. Egalement les municipalités présentes au congrès qui adhèrent au Forum, la Ville d’Auriol et la Ville de La Seyne sur Mer.
La Municipalité de Gap était représentée par Mme. Raymonde Eynaud. Les Maires de Martigues, Nice, Opio, Sisteron ont fait excuser leur absence.
Guy Revest faisait ensuite le point sur la situation du Forum d’Oc, en démontrant qu’il restait fidèle à ses objectifs d’échanges et de convergence de tous les promoteurs de l’occitan-langue d’oc dans la région. Il annonçait la Convention du Forum en Mars 2018, à Brignoles ou Saint Maximin, sur le thème de la présence de la langue dans les programmes des parcs régionaux, et le Congrès d’Octobre 2018 à Nice sur le thème « Vivre en diversité en Provence-Alpes-Côte d’Azur », où sera posée la question du rôle de la langue dans l’intégration des diverses composantes humaines d’un territoire mondialisé.
Le Forum d’Oc compte désormais 412 membres, associations, collectivités territoriales, entreprises, élus, groupes artistiques. Chacun est appelé à continuer à en accroître le nombre.
Du patrimoine à la transmission
C’est l’historien forcalquiérain Jean-Yves Royer qui ouvrait cette première partie du colloque en présentant le rôle de la Haute Provence dans la structuration de l’occitan-langue d’oc. Il rappelait que l’une des premières chartes occitanes a été écrite à Forcalquier. Il évoquait le rôle des comtes de Forcalquier dans le développement du mouvement littéraire et artistique des troubadours, dont plusieurs et non des moindres sont originaires du territoire alpin, Albertet de Sisteron, Boniface de Castellane, la comtesse de Die, et Raimbaud de Vachères assigné par erreur à Vacqueyras.
L’écrit en langue d’oc conquiert ensuite l’espace public dans les documents municipaux et les échanges privés. Trois ouvrages importants marquent le XIX° siècle : la Grammaire du peuple de Louis Masse, publiée à Digne en 1840, Le Dictionnaire provençal-français du Manosquin Joseph-Toussaint Avril publié à Apt en 1839, le Dictionnaire Provençal-Français ou dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne de Simon Jude Honnorat, publié à Digne en 1847.
Louis Masse et Simon Honnorat ont choisi la graphie classique, Damase Arbaud en défendra le principe dans la préface de son recueil des Chants populaires de la Provence. Le mistralisme va s’épanouir avec Eugène Plauchut, Paul Arène, Lazarine de Manosque, Léon de Berluc-Pérussis organisateur des Fêtes Latines de 1882 et champion de l’idée de solidarité du monde latin.
L’affaiblissement contemporain de la langue justifie une action d’autant plus urgente que, par exemple, sa présence même dans les noms de lieux n’est plus comprise et donne lieu à des interprétations aberrantes.
Alain Garcia, responsable adjoint du master qui prépare aux métier de professeur des écoles au site de Digne de l’École supérieure du Professorat et de l’Education, présentait ensuite l’unité d’enseignement optionnelle Occitan-Langue d’Oc qui est proposée dans cette institution de même que dans les autres sites de l’ESPÉ de l’Académie. Cette UE est financée par les Conseils Départementaux des Alpes de Haute Provence et des Bouches du Rhône.
Dans un site qui compte relativement peu d’étudiants, il n’est pas facile de recruter une équipe qui se consacre à l’apprentissage de la langue, mais ce projet doit permettre d’introduire tout ce qui relève de la langue régionale dans les différents aspects du cursus.
La liaison avec le réseau CANOPÉ consacré à la documentation pédagogique permet l’accès aux ressources dont il dispose en la matière. Le partenariat avec l’Association Scolaire d’Oc va permettre d’offrir aux étudiants en Février 2018 deux journées de sensibilisation à la langue à travers le théâtre.
Cette action était ensuite détaillée par la représentante de l’Association Scolaire d’Oc, Annie Martel, qui dressait un tableau des chantiers entrepris pour faire connaître les artistes occitans aux écoles, sensibiliser maîtres et familles à la langue, solliciter l’appui de l’Education Nationale.
Avec le Théâtre de la Rampe, c’est plus de 2000 élèves d’une centaine de classes du département qui seront concernés par l’action entreprise, les maîtres bénéficiant d’un outil pédagogique de préparation à l’intervention. En 2016, en partenariat avec l’AELOC, avait été organisé un vaste rassemblement de chorales d’enfants sur le modèle des Cantejadas, et 18 écoles ont bénéficié cette année d’un programme d’animation musicale avec le groupe Mauresca.
Les associations et les pouvoirs publics du département déploient une action solide en faveur de la langue. Cependant, s’appuyant sur les chiffres fournis par le Rectorat d’Aix-Marseille, le majoral du Félibrige René Martel, un des responsables de la Commission Enseignement et Formation du Forum d’Oc, déplorait la régression de l’offre d’enseignement : 350 élèves de moins que l’année précédente dans le premier degré en 2017, 10 collèges et un lycée où la langue n’est plus enseignée ; dans les Alpes de Haute Provence, les écoles pourvues d’un enseignement sont passées de 7 à 4, un collège a perdu ses cours de langue et le nombre d’élèves a baissé en lycée.
Les chiffres de l’Académie de Nice ne sont guère plus satisfaisants. Cette situation a conduit les associations membres du Conseil Académique des Langues Régionales à se rapprocher pour définir des revendications communes sur la formation initiale et continue, un cursus de formation complet à l’Université d’Aix-Marseille, l’information des élèves et des familles, l’établissement des conventions prescrites par la loi entre les Rectorats et le Conseil Régional et les Conseils Départementaux.
Table ronde : l’occitan-langue d’oc dans la ruralité
Le Professeur Philippe Langevin animait un débat qui faisait intervenir Michel Benedetto, expert en bâtiments, Michel Doucet, chef d’entreprise, Marc Dumas, écrivain et ancien libraire, Patrick Fabre, Directeur de la Maison de la Transhumance et concepteur du projet « La Routo », Stefano Martini, Conservateur de l’Ecomusée de Pombarnart dans la Val Stura, André Pinatel, oléiculteur et président du Syndicat régional de l’amande de Provence.
Le développement des territoires demande des initiatives qui n’attendent pas une intervention du niveau étatique. Il suppose une conscience collective de leur population reposant sur des références communes où l’héritage de leur histoire soit explicite, et dans lequel la prise en considération de la langue originelle de la région, qui a modelé tout son espace pendant dix siècles, jour un rôle capital.
Or avec son affaiblissement la mémoire de l’identité se perd et du même coup les savoirs qui adaptaient les modes d’action aux réalités du territoire. On en décèle des exemples dans le bâtiment, dans les rapports au monde animal, aux productions agricoles, à l’environnement en général.
En réponse, des initiatives multiples se déploient : réussites du plan de développement de l’oléiculture, de la production d’amandes ; le rôle moteur dans le développement d’une structure telle que l’ Ecomusée de Pombarnat, liée au projet de sentier transfrontalier de grande randonnée conçu selon la thématique de la transhumance.
Le mode de développement qui s’est majoritairement imposé au monde actuel n’est pas irréversible : les éléments de résistance qui peuvent être perçus comme des survivances vouées à disparaître ont assez de force pour constituer la base d’un modèle alternatif pour l’avenir des territoires.
Le débat permet de souligner le rapport de la langue à la ruralité du fait de sa persistance hors de l’espace urbain. Mais liée à un milieu qui se rétrécit, il faut la préserver d’un confinement dans la nostalgie, et la placer dans une dynamique de transmission d’un mode de vie à projeter dans le futur.
La langue est un élément de la résistance aux prétendues fatalités qui la menacent ; il faut s’emparer de ce qu’elle véhicule pour le mettre en valeur selon nos propres schémas. L’actualité amène à débattre de la situation de la Catalogne en soulignant le rôle que la volonté de protéger et de promouvoir la langue a joué dans le mouvement séparatiste.
Le schéma départemental de valorisation de la langue et de la culture régionales
La Vice-Présidente du Conseil Départemental Nathalie Ponce-Gassier résumait ensuite l’important programme adopté par l’assemblée départementale pour structurer une action efficace et responsable en faveur de la langue et de la culture d’oc.
Après avoir rappelé le rôle joué par la Haute Provence dans la promotion de la langue d’oc, les incitations légales adressées aux collectivités territoriales en faveur de la langue régionale, et l’adhésion du Conseil Départemental à la Charte du Forum d’Oc avec ses quatre engagements (œuvrer pour l’obtention d’un cadre législatif et règlementaire adapté, assurer la présence de l’occitan-langue d’oc dans la vie quotidienne, développer l’enseignement et la formation, préserver le patrimoine et promouvoir la création), le Schéma Départemental, voté le 9 Décembre 2016, crée une Commission Départementale réunissant l’Assemblée départementale, les représentants locaux de l’Académie d’Aix-Marseille, et le secteur associatif.
La Commission a pour tâche de proposer un programme au Conseil Départemental, les axes de développement concernant le milieu scolaire, l’action culturelle publique, la socialisation de la langue et de la culture, un état des lieux permettant de créer une banque de données accessibles au grand public, et les moyens destinés à l’animation du réseau.
Enfin l’intervention conclusive du Maire de Saint Etienne les Orgues et conseiller départemental Khaled Benferhat synthétisait les problématiques exposées et ouvrait les perspectives d’actions à mettre en œuvre.
Un apéritif offert par les Distilleries et Domaines de Provence de Forcalquier achevait la manifestation.